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en tenue de combat

Nicolas Sarkozy avait annoncé solennellement au Congrès qu’il remanierait son gouvernement.

Dès le lendemain, son bon plaisir avait changé. La considération présidentielle pour les élus du peuple est identique à celle que les Bourbons portaient au Parlement du royaume... Au terme de cette opération de chaises musicales, seulement quelques préséances de cour ont changé.


Les hommes du président occupent les postes stratégiques pour verrouiller l’espace politique et résister au mécontentement du pays : Hortefeux à l’Intérieur pour ranimer les feux de l’insécurité, briser les résistances des collectivités locales et préparer les élections régionales, Darcos au ministère du Travail pour détruire la retraite à soixante ans, Chatel à l’Éducation nationale déjà si maltraitée, Estrosi à l’Industrie pour casser La Poste... Pierre Lellouche, chef de file des bushistes de l’UMP, est nommé aux Affaires européennes, confirmant le virage atlantiste du régime et le choix d’une Union européenne sujette des États-Unis. Quant aux Antilles, l’Élysée dissipe les illusions qu’avait pu semer Yves Jégo en semblant entendre les revendications des îles, en désignant pour l’Outre-mer la fille de Lucette Michaux-Chevry, héritière du réseau politique de la droite en Guadeloupe. Les Droits de l’homme passent à la trappe. Joli symbole.

Tout, dans ces nominations, confirme le choix d’un dispositif de combat. Rien de neuf, que de vieilles ficelles. Le débauchage du trésorier du Modem, Michel Mercier, vise à porter un nouveau coup à François Bayrou. Quant à Michèle Alliot-Marie, jugée peu sûre, elle est cantonnée au replâtrage de la Justice, selon Nicolas Sarkozy. Le brin de fantaisie de ce remaniement réside dans une captation d’héritage, la nomination d’un Mitterrand, de droite celui-là , au ministère de la Culture. Ce dernier se hâtera d’ailleurs de réduire au rang de commission zébulon le comité gadget pour la Création artistique, offert à Marin Karmitz pour prix de son ralliement.

Certains commentateurs indulgents avaient cru déceler une fibre sociale dans les intentions proclamées par l’Élysée. Bien qu’il eût affirmé sa volonté de détruire le « modèle français », Nicolas Sarkozy aurait été policé par l’exercice du pouvoir et conduit à une sorte de bonhomie sociale. Les premiers actes du gouvernement Sarkozy bis font litière de cette hypothèse somnifère. 16 500 suppressions de postes sont d’ores et déjà sur la feuille de route du ministre de l’Éducation, tandis que la loi HADOPI est déjà relancée par le premier Conseil des ministres. Quant à l’emprunt présenté comme la clé de voûte des ambitions présidentielles, on ne sait toujours pas à quoi il servira et à qui il bénéficiera. Les grosses fortunes se sont réjouies pour leur part, assurées de voir tous leurs allégements d’impôts maintenus et les cadeaux fiscaux reconduits. Elles sont à l’abri du bouclier sarkozyen.

La tenue de camouflage n’aura donc masqué que peu de temps les intentions présidentielles. Les salariés savent à quoi s’en tenir

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