Ces dernières années, le concept de laïcité a été très largement dévoyé par la droite, et par l’extrême-droite. Les cartes sont délibérément brouillées, le débat mérite beaucoup de clarté.
L’extrême-droite fait de sa conception de la laïcité, un argument pour stigmatiser, de fait, d’abord les musulmans, alimentant ainsi, par un effet retour recherché, le renforcement crispé des communautarismes.
Pour la droite, la laïcité serait une spécificité franco-française, et à ce titre une survivance idéologique à dépasser. Un archaïsme en somme, incompréhensible pour nos partenaires étrangers. Et elle nous pénaliserait aujourd’hui dans l’environnement économique, politique et social piloté par la mondialisation.
Non, la France n’est pas une exception. Non, la laïcité n’est pas « à dépasser ».
Ce serait nier la réalité internationale et historique de la laïcité qui, de la Turquie kémaliste au Mexique, en passant par la Tunisie bourguibiste ou l’Égypte nasserienne, pour se limiter à quelques exemples hors de France, a vu les
expériences historiques les plus diverses faire de la laïcité de l’État un enjeu majeur de leur construction.
Nous pensons que la laïcité est un principe émancipateur sans lequel il n’y a pas de réelle démocratie. Et dans la spirale mortifère de la mondialisation telle qu’elle est imposée par les marchés, c’est une valeur universelle plus que jamais neuve, et qui doit être portée à l’échelle de l’humanité.
Jean-Claude Cuvelier