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Les élections européennes sont passées... Le menu antisocial est déjà salé !

Plan social à Michelin, avec la fermeture de l’usine de Noyelles les Seclin, près de Lille, attaques contre la retraite... Patronat et gouvernement estiment avoir les mains libres pour engager un attaque d’ampleur contre les garanties sociales et le monde du travail.


Le sale coup de Michelin

. • Du jour au lendemain. Ce mercredi matin, quand la direction les a réunis, ils ne s’attendaient pas à ce qu’elle leur annonce brutalement la décision de Michelin de fermer Sodemeca, sa filiale de Noyelles-les-Seclin. 276 salariés sur le carreau, n’ayant pas d’autre choix que d’accepter de partir pour... Clermont-Ferrand. « Je viens d’acheter une maison, ma femme travaille ici » expliquait Christophe, un ouvrier, en répondant aux question d’un journaliste de l’AFP. Le coup est d’autant plus difficile à digérer que dans cette filiale où travaillent de nombreux jeunes (la moyenne d’âge est de 34 ans), le personnel n’avait pas lésiné sur les efforts pour répondre aux objectifs de la direction de Michelin. Considéré comme le meilleur élève du groupe, Sodemeca possède un savoir-faire de haut-rang et fabrique des pneus pour les modèle de luxe : Porsche, Ferrari, BMW, Mercedes. Depuis 20 ans, son personnel a mis au point la plupart des prototypes dont Michelin bénéficie aujourd’hui. En 2008, les salariés ont augmenté leur productivité de 15 %. Une hausse qui succédait à celle de 30 % en 2007. Une fois le citron pressé, on le jette. Telle est la devise du groupe Michelin. Rappelons que celui-ci a réalisé 357 millions d’euros en 2008. Comme d’autres, il cherche à profiter de la crise pour faire des économies sur le personnel et accroître ainsi la part versée aux actionnaires. Le tout en bénéficiant des largesses publiques accordées par Nicolas Sarkozy. Comme l’a fait remarquer le maire (PCF) de Seclin, Bernard Debreu, présent aux côtés des salariés ce mercredi (ceux-ci ont également reçu la visite de la première secrétaire du Parti socialiste, la maire de Lille Martine Aubry) dans un courrier adressé au président Nicolas Sarkozy : « vous avez décidé d’un plan de relance de l’économie, et attribué plusieurs milliards d’euros au secteur de l’automobile et à ses sous-traitants. Je pensais, comme beaucoup sans doute, que ce plan avait pour objectif de permettre aux entreprises d’attendre la reprise économique, et non de faire disparaître des sites performants, ni de détruire des emplois qualifiés. » Michelin n’a en effet aucune raison de s’inquiéter. Rien dans les réactions gouvernementales ne laissent entendre qu’il pourrait être empêché d’agir. Laurent Wauquiez, le secrétaire d’État à l’Emploi, s’est juste contenté de poser des questions sur la reconversion, ce qui vaut validation des suppressions d’emplois. Surtout : une série d’annonces, ces jours-ci, confirment la volonté de Nicolas Sarkozy de poursuivre l’offensive contre les acquis sociaux du pays.

Travailler jusqu’à 67 ans

. • « Ce n’est plus une question taboue ». C’est ce qu’a affirmé François Fillon, le Premier ministre, cette semaine, intervenant en écho à Brice Hortefeux, son ministre du Travail, qui a remis sur le tapis la possibilité de repousser l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans, contre 60 ans aujourd’hui. Tous les deux s’appuient sur les résultats de la commission des comptes publics de la Sécurité sociale qui estime que le déficit de la Sécurité sociale pourrait passer de 10,2 à 20 milliards d’euros fin 2009. Cette commission pointe notamment la responsabilité du chômage et donc des licenciements provoqués par la crise. Mais pour Brice Hortefeux, c’est d’abord l’occasion d’enfoncer une nouvelle brèche dans le droit à la retraite : « comme on sait que si on ne fait rien, on va dans le mur, il n’y a pas aujourd’hui 36 solutions. Il y en a trois : diminuer les pensions, augmenter la durée de cotisation, et reporter l’âge de départ à la retraite, comme l’ont fait les Allemands, jusqu’à 67 ans ». Rappelons que cette proposition est celle du MEDEF. Vous avez dit lutte des classes ?

Haro sur les arrêts maladie

. • « Il y a des assurés qui utilisent un taxi ou une ambulance pour passer leurs examens médicaux et qui une fois rentrés chez eux utilisent leur voiture pour faire leurs courses ». On se croirait au café du Commerce, mais c’est pourtant un ministre d’État qui argumente ainsi. Pour Eric Woerth, le ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, les chiffres du déficit de la Sécurité sociale sont une aubaine pour relancer les vieilles rengaines sur les gaspilleurs qui profitent de la Sécu. Une hausse des arrêts maladie, et c’est l’occasion de proposer que l’on généralise l’expérience engagée dans certains départements permettant à l’employeur de mandater un médecin chargé de vérifier la validité de l’arrêt accordé. L’avis de ce médecin aux ordres du patron pourra être utilisé pour suspendre les indemnités du salarié. On devine que de l’argent public servira à financer ce flicage des malades. Pas un mot, en revanche, sur les conséquences de la crise et des méthodes managériales sur la santé des travailleurs.

On le voit, le résultat des élections européennes, a conforté le pouvoir et son commanditaire, le patronat. La feuille de route est tracée : faire payer la crise aux salariés pour ne surtout pas toucher aux revenus des actionnaires ; torpiller la protection sociale pour ouvrir de nouveaux marchés au secteur concurrentiel.

BC dans Liberte du 19 juin 2009

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