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Voter Front de Gauche ?
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Le meilleur service à rendre à ceux qui luttent .

On vote ce dimanche 14 mars pour le premier tour des élections régionales. Un bon résultat de la liste « l’Humain d’abord ! » conduite par le député communiste Alain Bocquet redonnerait du souffle à la gauche toute entière.


« D’après mes renseignements, Christophe de Margerie, le PDG de Total votera par procuration dimanche. Moi, je sais qui va voter à sa place, dans le 16e arrondissement de Paris. C’est Nicolas Sarkozy ! Le meilleur service que l’on peut rendre à nos copains de Total, c’est de nous donner un résultat significatif, c’est de voter pour le Front de gauche. » Samedi dernier, Alain Bocquet comme les 1500 participants du meeting de soutien à la liste qu’il conduit, « l’Humain d’abord », avait sans doute la rage au ventre après avoir écouté les salariés de Total, invités à s’exprimer sur la scène du Zénith aux côtés de 117 candidats du Front de gauche en Nord-Pas-de-Calais. Émus, « anxieux », selon l’expression de Marcel Croquefer, de la CGT Chimie du Dunkerquois, ils se doutaient du sale coup que leur préparait leur direction (le meeting avait lieu deux jours avant le fameux comité central d’entreprise qui confirmait la fermeture de la raffinerie des Flandres – voir page 8). Dans cette salle, ils étaient, c’est vrai, en bonne compagnie. « Dès le premier jour de l’occupation de la raffinerie, le député européen Jacky Hénin était présent à nos côtés (accompagné de Dany Wallyn, conseiller régional, NDLR). Il a été très clair avec nous. Il a dit aux salariés, “je vous soutiens, à la condition que vous vous mobilisiez pour le maintien de l’emploi“. C’est ce qu’ils font aujourd’hui ».

Une gauche authentique

L’appel lancé par les « Total » restera sans doute comme le moment clef de ce meeting et peut-être de la campagne du Front de Gauche en Nord-Pas-de-Calais. L’affaire de cette fermeture de raffinerie est en effet emblématique des valeurs que défend cette liste. En s’intitulant « l’Humain d’abord », elle exprime la volonté de redonner à la politique la capacité de choisir les salariés et les productions utiles socialement plutôt que la rémunération des actionnaires. À l’inverse donc, d’une « décision inique, d’un groupe qui a touché de l’argent public, réalise 8 milliards de profits et jette ses salariés comme des citrons pressés », pour reprendre le propos de Jacky Hénin, tête de liste dans le Pas-de-Calais. Et surtout, avec une détermination bien plus claire qu’elle ne l’est actuellement de la part des dirigeants de la région. « Si j’étais président de région, j’aurai convoqué chaque maire du Dunkerquois, pour que nous puissions monter la garde devant la raffinerie. Les régions doivent être des pôles de résistance au capitalisme » gronde Alain Bocquet.

Nous sommes là au cœur des questions posées par cette liste. Au moment où certains, dans les rangs du pouvoir, mais aussi à gauche, tentent de déconnecter les enjeux de politique nationale, de ceux qui concernent la région, les candidats du Front de Gauche répètent partout que les deux vont de pair et que le vote de dimanche peut-être un « vote de lutte » qui redonne de l’espoir dans une « gauche authentique ». Ainsi, Alain Bocquet redira samedi dernier à quel point il regrette que la région n’ait pu être un levier pour agir contre les suppressions de postes dans l’Éducation nationale (« 5.000 durant ce mandat »), pour imposer le refus des suppressions d’emplois à la SNCF dans les conventions qu’elle a signées avec l’entreprise publique ou encore pour porter plainte, comme il l’a fait avec les autres parlementaires du PCF et du Parti de Gauche, contre le désengagement de l’État.

« Les étudiants qui font actuellement la grève des loyers dans les résidences universitaires ont besoin d’une région qui refuse le désengagement de l’État et défend le service public » explique ainsi Ugo Bernalicis, syndicaliste étudiant, militant du Parti de Gauche et candidat sur la liste. « La Région peut imposer la construction de logements étudiants dont le CROUS serait propriétaire. Elle peut imposer le transport gratuit aux étudiants » ajoute-t-il. Une liste au service de ceux qui résistent aux logiques libérales ? Nombre d’élus syndicalistes et de militants associatifs en font partie, notamment Fabien Pavot, responsable syndical départemental à La Poste.

« Les électeurs socialistes qui hésitent entre l’abstention et le vote protestataire peuvent choisir le Front de Gauche, car c’est un vote de fidélité à nos convictions » explique le député Marc Dolez, fondateur du Parti de Gauche et 3e sur la liste dans le Nord. « C’est un vote utile pour la région, pour que la défaite de la droite soit nette, et pour que la gauche emprunte les chemins du renouveau et de la reconquête ». La gauche trouvera-t-elle dans cette construction les moyens de se revivifier ? Un score significatif, dimanche, donnerait assurément du grain à moudre à ceux qui y voient un signe d’espoir et une possibilité de bâtir un nouveau projet transformateur. C’est pour cela qu’une certaine diversité d’engagements est revendiquée par tout le monde. L’orientation écologiste, appuyée par les candidatures de Michel Autès, vice-président sortant du Conseil régional (élu en 2004 sur la liste des Verts) ou encore celle des Alternatifs ou de la Gauche alternative (ex comités Bové de 2007) s’inscrit elle aussi dans une logique de contestation des choix libéraux. « Nous défendons une écologie faite de rouge et de vert » sourit ainsi Nathalie Willemetz, des Alternatifs. Pour illustrer son engagement, elle sort son carnet de campagne. « En plein hiver, pendant un porte-à -porte, nous avons rencontré une mère de famille de 23 ans, élevant seule ses enfants, à qui l’on avait coupé le gaz, parce qu’elle ne pouvait pas payer. Pendant ce temps, ceux qui ont le plus les moyens consomment l’énergie sans compter. Les « capitalistes verts » nous parlent de manger mieux, quand des familles vivent avec cinq ou six euros par jour ou que des millions de personnes sur la planète ne mangent pas à leur faim ». Surtout, cette liste revendique son « unité ». C’est ce qui a convaincu la syndicaliste Valérie Pringuez de la rejoindre. Un désir de « tous ensemble » qui a aussi décidé Karel Yon, à quitter le NPA dont il était un dirigeant national, déçu de voir « la situation se fermer sur une organisation préoccupée par sa seule structuration ». Des socialistes, comme l’ancien maire d’Escaupont, Francis Berkmans soulignent le large éventail ouvert sur la gauche de « l’Humain d’abord ». Et laisse espérer à Alain Bocquet une « surprise » dimanche. Une surprise qui serait bien utile à celles et ceux qui luttent aujourd’hui et qui ne ferait sans doute pas les affaires de Christophe de Margerie.

Bruno CADEZ dans Liberté hebdo du 12 mars

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