Contre la réforme Pécresse
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Les universités s’arrêtent

Mouvement massif de « grève active reconductible » et manifestations, à l’initiative des enseignants-chercheurs, dans le Nord et partout en France.

« C’est l’ignorance qui mène à la violence et qui rend possible l’instauration de régimes anti-démocratiques ». (Un enseignant-ingénieur de Lille 1.)


Les universités s’arrêtent

Mouvement massif de « grève active reconductible » et manifestations, à l’initiative des enseignants-chercheurs, dans le Nord et partout en France.

• Elles devaient être plus « autonomes », elles se retrouvent à gérer la précarité et à orchestrer la pénurie de moyens. Conséquence directe de l’adoption de la loi « Libertés et Responsabilités des Universités » (LRU) en plein été 2007, un décret paru la semaine dernière a mis le feu aux facs publiques françaises. Mais les revendications dépassent la remise en cause du statut d’enseignant-chercheur. Constat après l’assemblée générale des personnels de l’Université de Lille 1 qui a réuni près de 250 enseignants, mardi 3 février après-midi, dans la foulée d’une AG de Coordination nationale qui s’était tenue la veille à la Sorbonne. Suppression de postes (900 prévus en 2009), incitation au recrutement des enseignants par « copinage », précarisation des personnels (enseignants, techniques, administratifs) et des étudiants, flou quant à la disparition des IUFM, à la formation et à l’accès aux concours de recrutement des professeurs qui seraient désormais réservés aux titulaires d’un Master, remise en cause du service public d’éducation... Autant de points abordés pour en venir à voter une « grève totale ». Rétention de notes, rétentions des « maquettes » qui doivent donner le cap des contenus de formation de la rentrée prochaine. A Lille 1, « l’université s’arrête ». « Grève active » dans un premier temps jusqu’à vendredi 6 février. C’est-à -dire jusqu’au lendemain de la manifestation qui a eu lieu jeudi 5 février, à laquelle se sont joints de nombreux étudiants appelés à entrer dans le mouvement, même si les « profs » entendent assumer pleinement la responsabilité de leur engagement contre les choix politiques incarnés par Nicolas Sarkozy, encourageant notamment la concurrence entre les établissements au détriment d’une qualité d’enseignement. Le nom du chef de l’Etat est d’ailleurs bien plus souvent cité dans les AG que celui de Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur...

Les amphis qui accueillent les AG, dans toute la France, sont ouverts à la presse. La volonté de transparence et de visibilité a pu s’afficher également par l’organisation de conférences et de débats – ce fut le cas à Lille 2 jeudi matin – sur les questions liées à la loi LRU notamment, tandis que nombre d’enseignants proposaient de donner des cours dans les lieux publics : places, hall de gare... L’accès au savoir pour tous, partout ! Un jet de chaussures sur le Ministère de l’Enseignement supérieur, voilà qui a fait également de belles images pour les caméras ! Car les profs semblent décidés à utiliser ce qu’ils appellent « les mêmes armes que celles du gouvernement », les « médias », pour obtenir entre autres le retrait immédiat du décret Pécresse et l’assurance de moyens humains et financiers à la hauteur des besoins. « Des besoins en formation d’autant plus grands et nécessaire en période de crise ! », insiste un enseignant-ingénieur de Lille 1, qui rappelle que « c’est l’ignorance qui mène à la violence et qui rend possible l’instauration de régimes anti-démocratiques ». L’atteinte à la démocratie est d’ailleurs un des aspects soulevés par les différentes réformes qui touchent les milieux enseignants de tous niveaux. Des réformes sans concertation avec les personnels et qui nient les valeurs d’égalité et de gratuité de l’Education. A Lille 1 toujours (Université des Sciences et Technologies) s’est tenue jeudi matin une opération « péage universitaire » aux entrées du campus « pour symboliser la hausse prévisible des droits d’accès à l’enseignement supérieur, à laquelle seront poussées, en l’absence de financement à la hauteur des enjeux et de postes en nombres suffisant, les universités libres (de se chercher des moyens) et responsables (de la qualité du service rendu aux étudiants pour l’enseignement, et aux citoyens en général pour les avancées en recherche) depuis la mise en place de la loi Libertés et Responsabilités des Universités ».

Syndicats et collectifs de l’enseignement supérieur (Snesup-FSU, CGT, CFDT, FO, Solidaires, Sauvons l’université, Sauvons la recherche et l’Unef) appelaient ensemble à manifester ce jeudi et à une manifestation nationale à Paris mardi 10 février. Valérie Pécresse martèle qu’elle ne retirera pas son décret. Le PS demande un moratoire des réformes. Le PCF exige quant à lui le retrait immédiat. Dans la région, des actions ont eu lieu à Dunkerque, Calais et Arras.

LM, dans Liberte Hebdo du 6 janvier 2009

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