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Profits ou emplois ? La Redoute a choisi

La Redoute a annoncé 672 suppressions de postes en France, dont 151 à Roubaix. Une belle récompense pour les années de profits engrangés...

(Liberté Hebdo du 24/10/08)


En langue de bois, c’est « un plan de relance pour restaurer sa compétitivité ». En réalité, 672 postes rayés (sur 5.000) dans un groupe, PPR, dont le résultat net a été multiplié par 2,4 au premier semestre. Et dont l’actionnaire principal, François Pinault, est la 7e fortune française selon Challenges. Mardi, La Redoute a annoncé la disparition en quatre ans de ses 81 boutiques : 430 personnes en moins. Pour « le traitement des commandes par courrier [91 personnes, ndlr] dont l’activité est en baisse régulière, le plan propose de le confier à un prestataire dont c’est le cœur de métier », ajoute le communiqué. Le marketing, la relation clientèle ou encore la direction financière et juridique sont également touchés. Au siège, à Roubaix, la saignée est de 151 personnes.

« Des restructurations depuis des années »

« Il a été dit que La Redoute affiche des pertes. Combien ? La direction est incapable de donner des chiffres, commente Jean-Christophe Leroy (CGT). Personne ne peut nier le recul d’activité de la Redoute, comme dans tout le commerce, de là à parler de pertes de l’entreprise, nous émettons de gros doutes. » Maria Pi (Sud VPC) se pose les mêmes questions. Jean-Christophe Leroy rappelle que « La Redoute s’est lancée depuis des années dans des restructurations », totalisant 1.300 postes en moins « sur les 8 dernières années ». Jean-Claude Blanquart (CFDT) évoque pour sa part un « résultat net négatif » à ce jour pour La Redoute. « Mais pour moi, une perte financière ne justifiera jamais ces licenciements, ajoute-t-il. Derrière nous, on a quand même le groupe PPR, qui a accumulé des richesses pendant des années. Si les dividendes n’avaient pas été versés, ils seraient aujourd’hui dans nos caisses. » « Quand PPR a racheté Gucci, La Redoute a été une vache à lait. Pourquoi la solidarité ne jouerait-elle pas en sens inverse aujourd’hui ? », embraye Maria Pi. Mardi, les représentants syndicaux ont reçu 600 pages de documents à ingurgiter avant la réunion des 28 et 29 octobre. « On va nommer un expert, j’imagine », prédit Jean-Christophe Leroy.

Le précédent des plates-formes téléphoniques

A aucun moment le communiqué de La Redoute ne parle de « licenciements », mais plutôt d’« externaliser », de « mobilité interne », d’aider certains à « mener à bien un projet personnel »... Faut-il être dupe ? En février, La Redoute se débarrassait de cinq centres d’appels (Nantes, Bordeaux, Toulouse, Marseille et Lyon) au profit de Téléperformance Midi Aquitaine, soit 185 téléopérateurs. « Les conditions de travail n’ont pas énormément changé au départ », confie Annie (prénom modifié). C’est venu après. « Si vous arrivez cinq minutes en retard dans le mois, vous n’avez plus droit au bonus [une commission sur les ventes, ndlr], même avec de très bons résultats les six mois précédents. On est dans la sanction. » Les salariés ont déjà perdu la prime de vacances et l’intéressement. En mai prochain, le 13e mois sautera et leur salaire perdra environ 20%. Le centre de Toulouse a déjà été fermé et « plus de la moitié de ces salarié(e)s ont été contraint(e)s de quitter leurs fonctions », dénonce Sud VPC, qui soutient « plus de 40 dossiers » aux prud’hommes de Roubaix. Ils « réclament au total un million d’euros à La Redoute pour l’ensemble des préjudices subis », précise le syndicat.

Ludovic FINEZ

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1 Commentaire :

Le 31 octobre 2008 par PCF Lille
la Redoute : Non aux licenciements !

Dans une lettre du 22 octobre, Michelle Demessine interpelle Monsieur Xavier Bertrand, Ministre du travail, suite à l’annonce du plan social dévoilé la veille par la Redoute.

Pour la Sénatrice, la suppression de 672 emplois dont 242 pour la métropole lilloise ne fera que stigmatiser davantage une région déjà lourdement touchée par le chômage. Ses inquiétudes se portent également à l’égard des salariés intérimaires dont une centaine viennent de voir leurs contrats non reconduits.

Au passage, Michelle Demessine fait part de ses doutes sur les motivations de ces suppressions de postes. Elle rappelle la bonne santé économique de La Redoute et du groupe PPR avec 900 millions d’euros de bénéfices réalisés l’an dernier. Pour elle, le recul de la consommation est avant tout du fait de la faiblesse du pouvoir d’achat des français.

Enfin, la Sénatrice du Nord met en garde contre les tentations éventuelles des actionnaires de prétexter le ralentissement de la croissance et la crise financière mondiale pour accroître la casse sociale. Crise qui démontre au passage l’aspect dévastateur de la spéculation boursière.

Pour ces raisons, elle demande au Ministre du Travail de s’engager dans une défense de l’emploi et du travail et propose d’organiser une table ronde avec l’ensemble des acteurs concernés afin d’élaborer une sortie de crise qui ne serait pas néfaste à l’emploi et aux salariés.

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