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Le Pen, antisociale comme papa

Après la conférence nationale du Front National samedi 18 février à Lille, Liberté Hebdo a réalisé un petit point sur son programme, que nous vous livrons : Le look change, mais le vieux fond de l’extrême droite, celle d’une France réactionnaire et privilégiée, mue par la haine de l’autre et du pauvre ne change pas.

L’élection présidentielle approche à grands pas, et les programmes politiques s’affutent. Certains présentent le FN de Marine Le Pen comme démocratique, républicain, du côté des faibles face aux marchés financiers, transformant le parti de son père, des nostalgiques de l’Algérie Française et de la France de Vichy, en parti classique, en parti respectable, et à plus forte raison, en parti social.


Ce tournant stratégique opéré se retrouve dans le programme économique qui proclame être du côté des travailleurs, contre les marchés financiers. Mais ce programme ne tient pas ses promesses si on le lit en détail : il y a tout d’abord les propositions démagogiques sans moyens, comme sur la dette, le protectionnisme, ensuite des propositions irréalistes sur l’euro et l’Europe, et plus directement des propositions dangereuses pour les droits sociaux, comme la casse des trente-cinq heures ou les retraites.

Vieilles lunes et fascisme new-age

Ce programme reste un programme du Front National : mélange de poujadisme et d’appel du pied aux agriculteurs, artisans, aux chômeurs. Mais aussi mise en opposition des citoyens de ce pays, entre les chômeurs, les travailleurs, les français dits de souche et les étrangers. Ainsi, sur l’immigration, le Front National propose de limiter l’accueil de migrants légaux à 10.000 contre 200.000 aujourd’hui, et de transformer la France en forteresse pour tous les autres. Passer à 10.000 entrées par an, c’est faire face à des conséquences lourdes sur le plan humain, mais aussi économique, social et démographique. Le FN chiffre la suspension de l’immigration comme une économie de 48 milliards d’euros, mais c’est oublier que les immigrés créent 60 milliards d’euros de richesse par an.

Sur le plan de l’industrie, le programme est encore plus flou, avec le principe affiché de réindustrialiser le pays, notamment en empruntant de l’argent sur les bénéfices des entreprises du Cac 40. Mais elles ne déclarent aucun bénéfice pour échapper à l’impôt ! Il s’agira surtout d’une excuse pour de nouveaux cadeaux fiscaux. Ce parti est clairement du côté des riches, comme le clan Le Pen.

Un programme de casse sociale

Ce positionnement de classe se retrouve dans tout le programme. Il propose de développer l’apprentissage, statut précaire, en l’étendant à 200.000 jeunes de plus par an, mais aussi d’abaisser l’âge légal du travail à 14 ans. Il propose de simplifier les démarches d’emploi (et donc de licenciement ?) par la mise en place d’une carte d’identité numérique de l’entreprise, la simplification des démarches administratives, visant à la réduction des cotisations. Les chiffres annoncés sont fantaisistes, les conditions pour les atteindre sont contradictoires.

Dans le même style, le parti d’extrême droite propose de remettre au goût du jour quelques nostalgies des années 1940, avec les corporations à la place des syndicats, les négociations par branche, ou le statut de mère au foyer. Ce statut serait d’ailleurs accompagné d’un salaire pour rester à la maison, reniant quarante ans de conquêtes sociales pour les femmes.

Pour l’exemple, le bilan de Le Pen et du groupe FN à la Région est instructif : « aucune proposition économique », « ils favorisent les grands groupes face aux PME créatrices d’emplois », « les seuls amendements qu’ils votent ont trait à l’international, ou alors ils s’opposent aux subventions pour le Secours Populaire », rapporte Laurent Portemont, collaborateur communiste à la Région. « Finalement, ils conservent la posture classique du FN : créer des scandales et bloquer toute politique culturelle », continue-t-il, rappelant que Jean Marc Maurice, élu frontiste, a été condamné récemment pour abus de biens sociaux, ce qui fait tâche pour le parti de la bonne gestion.

La question européenne

Point phare de son programme, Marine Le Pen fait porter tous les maux français à l’Europe. Pour elle, il faut en sortir pour ne pas « mourir à petit feu ». Là encore, elle confond les chiffres et annonce le remplacement de la Politique Agricole Commune (10 milliards d’euros par an pour la France) par une politique agricole française, sans en préciser le financement, oubliant même que Bruxelles finance de nombreux projets.

Sur l’euro, le FN admet la possibilité d’une perte de valeur du franc retrouvé par rapport à l’euro, mais en la minorant. Ils pensent que le franc perdra 9,4% par rapport à la valeur actuelle de l’euro, ce qui augmentera le coût de la dette de 100 milliards d’euros. Sauf qu’en réalité, on peut plus sérieusement chiffrer cette perte de valeur à 20 ou 30%. La question de l’inflation et de la hausse des prix n’est d’ailleurs même pas posée. En réalité, sans remise en cause du système financier et bancaire, c’est exposer la France aux spéculateurs. L’éclatement de la zone euro revient donc à exposer les pays qui la composent à la domination du dollar.

Amaury Lebreton

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