Tribune de Pierre Outteryck, professeur agrégé d’histoire
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Comme Pétain en 1941

Juillet 1889, sous l’impulsion de Paul Lafargue, gendre de Marx, fondateur du Parti ouvrier avec Jules Guesde, s’organise une réunion des Partis ouvriers d’Europe et des États-Unis. Ainsi va naître l’Internationale Ouvrière. Organisée face aux festivités officielles commémorant le centième anniversaire de la prise de la Bastille, cette rencontre va faire de chaque 1er mai une journée inter-nationale de luttes et de revendications.


Le 1er mai 1890, malgré la répression, sera un succès ; des délégations ouvrières apporteront aux mairies les cahiers de revendications.

Salaires, conditions de travail sont les exigences majeures.

En 1891, la fusillade de Fourmies (neuf jeunes tués par la troupe) aura un retentissement mondial. En 1895, la création de la CGT va permettra de structurer cette journée. 1er mai : une journée internationale de lutte et de revendications Au cœur de ce combat : réclamer dans tous les pays la journée de 8 heures. « C’est 8 heures qu’il nous faut ! »,exigeaient grévistes et manifestants.

Dès cette fin du 19e siècle, patronats et gouvernements expliquaient l’impossibilité de satisfaire les revendications des travailleurs car cela favoriserait les concurrents étrangers et ruinerait l’activité économique.Le 1er mai permettait de contrecarrer cette propagande et de faire vivre ce beau mot d’ordre : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »

Durant l’occupation 1940-1944, le gouvernement d’extrême droite de Pétain collaborant avec l’Allemagne nazie prônait la préférence nationale. Cette« préférence nationale » excluait du travail les étrangers ou toute personne récemment naturalisée. Bientôt les déportations raciales parachèveront cette politique monstrueuse. Pétain, en avril 1941, décide aussi de faire du 1er mai un jour chômé et payé, pour sa propagande « travail, famille,patrie » : le 1er mai, jour de la Saint-Philippe, sera donc « La fête du Travail et de la Concorde sociale », sous l’impulsion de l’anticommuniste Belin, secrétaire d’Etat au Travail, ancien dirigeant de la CGT.

Retrouver le sens des mots Le travail... Celui qu’exploite sans vergogne un patronat qui préféra Hitler au Front populaire ! Sans doute pour Pétain, était-ce déjà le vrai travail ? A Londres, à la BBC, autour du Général de Gaulle, la Résistance appelait les ouvriers à résister, à lutter contre les sacrifices exigés par les patrons, à combattre le pillage organisé par le 3e Reich nazi. Aujourd’hui, alors que les mots perdent souvent leur sens, rappelons combien nos aîné(e)s, nos arrières grands-parents et parents ont lutté, femmes et hommes rassemblés afin que nous ayons le droit de manifester ce1er mai pour obtenir une part de bonheur...

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