C’est d’ailleurs cette ambiguïté cultivée chez les Verts vis-à -vis du libéralisme qui a amené la députée Martine Billard à quitter cette formation pour rejoindre, avec 300 autres militants, le Parti de Gauche.
Spéculer sur le durable
Question politique d’importance, donc, que l’écologie. S’il en est un pour l’avoir compris, c’est Nicolas Sarkozy. Le président de la République a décidé d’enfourcher le cheval de la lutte contre le réchauffement climatique. Et de disputer aux Verts le terrain du projet écologiste, accusant ces derniers de justifier la misère à travers le concept de décroissance. L’UMP doit être le « mouvement de l’écologie populaire » selon le président. Le porte-parole du parti, Frédéric Lefebvre, n’a pas tardé à emboîter le pas de son leader et a évoqué à la veille du sommet de Copenhague l’idée d’une « croissance verte ». Dans l’esprit des hommes de droite, il s’agit de continuer le capitalisme en le verdissant. Favoriser la spéculation sur des technologies « durables », tout en faisant payer le prix fort aux citoyens de base. Exemple : la taxe carbone. Les plus pauvres, ceux qui n’ont pas accès aux voitures « propres », pourront payer, pendant que le patronat, lui, bénéficiera de la suppression de la taxe professionnelle.
« Laisser faire les gouvernements, notamment ceux des grands pays capitalistes, c’est prendre le risque d’un échec catastrophique » prévient Pierre Laurent, coordinateur national du Parti communiste Français (PCF), qui conduit actuellement une délégation de son parti au sommet de Copenhague. Depuis plusieurs années, le PCF a inscrit l’exigence écologiste au cœur de son projet. « Le capitalisme n’est pas écolo compatible » lit-on dans un tract publié à l’occasion du sommet de Copenhague. « Il recherche le profit financier maximum dans un temps minimum. D’où une logique de prédation des ressources comme du travail des salariés au coût le plus faible. Ainsi inégalités sociales et environnementales vont de pair ».
Que les peuples s’en mêlent !
La recherche d’un autre modèle de production et de développement était d’ailleurs le thème central d’un des ateliers organisés par les communistes pour contribuer à un projet de gauche. Au fond, la question climatique pose, pour les communistes, la question d’un droit à un « développement humain durable » pour tous, au moment où les inégalités d’accès à l’alimentation, à l’énergie, à l’éducation, à la santé touche plus d’un milliard d’humains sur terre. La situation d’un pays comme le Bengladesh, où les réfugiés climatiques des côtes viennent se masser dans les bidonvilles proches de la capitale du pays, en une terrible illustration. Cette préoccupation explique que le PCF inscrit le nucléaire parmi les énergies propres (il ne produit pas de gaz à effets de serre et peut produire beaucoup d’électricité, ce qui est incontournable si l’on veut répondre aux besoins de développement de l’humanité) ou s’oppose à la taxe carbone. Mais au-delà de ses propositions (voir par ailleurs), il appelle surtout les peuples à investir ce débat et ce combat et à ne pas laisser décider quelques « experts » autoproclamés bienfaiteurs de la planète pour eux.
Bruno CADEZ