Les retraités victimes de maltraitance budgétaire
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Retraite à 70 ans : L’hypocrisie de la droite et du patronat

L’UMP monte au créneau pour défendre l’amendement au projet de budget 2009 de la Sécurité sociale, repoussant l’âge limite de départ à la retraite à 70 ans. Pour le porte-parole du parti sarkozyste, il s’agirait « tout simplement » de donner « plus de liberté aux Français qui veulent travailler plus »... Ben voyons !


A l’heure actuelle, les employeurs peuvent mettre leurs salariés à la retraite d’office à partir de 65 ans. L’amendement prévoit que les travailleurs « qui le souhaitent » puissent prolonger leur activité au delà de 65 ans « sous réserve d’en avoir préalablement manifesté l’intention » auprès du patron. « Nous voulons inciter les Français à prolonger leur activité, leur donner envie de le faire... Il y avait un côté absurde de forcer quelqu’un à partir alors qu’il voulait travailler » justifie de son côté le ministre du travail. L’argument de la liberté de choix n’est contesté par personne ; encore faut-il que les conditions très concrètes en soient créées. La plus évidente touche à l’emploi. Aujourd’hui deux salariés sur trois sont à 57 ans évincés des effectifs des entreprises.

Le patronat continue d’user massivement de l’emploi comme première variable d’ajustement au maintien du taux de rentabilité recherché. L’autre condition fondamentale concerne le niveau de revenu. Rançon des précédentes « réformes » de la Retraite, le niveau des pensions baisse et à défaut d’une autre réforme mobilisant de nouveaux financements, la tendance va s’accentuer dans les prochaines années. Dans ces conditions, pour s’assurer un revenu suffisant, de plus en plus de salariés vont se trouver contraints de chercher à prolonger leur activité professionnelle, voire à cumuler retraite et emploi.

La vérité est donc qu’en « permettant » de travailler jusqu’à 70 ans, l’UMP anticipe les conséquences de la dégradation des pensions. « Au lieu d’allonger indéfiniment la période d’activité, la priorité, selon la CGT, est d’assurer aux salariés des carrières complètes et d’intégrer périodes d’apprentissage, de recherche d’un premier emploi et d’études dans la durée de cotisation exigée. »

Ce qui permettrait de rendre effectif le droit au départ à 60 ans avec une pension à taux plein. Priorité devrait aussi aller, pour les syndicats, à la reconnaissance du droit au départ anticipé pour travaux pénibles – un dossier bloqué par le MEDEF et que le gouvernement se montre impuissant à faire aboutir. Encore faudrait-il pour cela s’attaquer à une réforme du financement de la retraite permettant d’améliorer les droits des assurés.

L’UMP préfère faire des économies en réduisant ces droits. Mais « que penser d’un gouvernement qui en 24 heures est capable de trouver plus de 300 milliards d’euros pour sauver les marchés financiers et bancaires et n’est pas capable de sauver notre système de retraite ? » interrogent les sénateurs communistes qui demandent la suppression de la disposition « 70 ans ».

Ci dessous, l’article de l’Humanité du 6 novembre 2008 :

Les retraités victimes de maltraitance budgétaire

Outre l’allongement à quarante et un ans de la durée de cotisation, et la perspective d’une retraite à soixante-dix ans, le projet de budget 2009 de la Sécurité sociale refuse l’augmentation de 25 % du minimum vieillesse aux personnes âgées vivant en couple.

Dans l’exercice consistant à monter de mauvais coups en douce, loin des projecteurs, l’UMP s’est surpassée lors de l’adoption du budget 2009 de la Sécurité sociale (PLFSS). L’amendement rendant possible la retraite à soixante-dix ans, voté dans la nuit de vendredi à samedi dernier, dans un Hémicycle en grande partie déserté, a été très largement perçu comme une provocation. Une autre disposition du PLFSS, qui était presque passée inaperçue, n’est pas moins choquante. L’article 51 prévoit d’augmenter le minimum vieillesse de 25 %, progressivement, d’ici à 2012. A priori, il s’agit de la traduction d’une des promesses faites par le candidat Sarkozy afin, disait-il, de « donner des conditions de vie décentes aux personnes âgées ». Rien de renversant en vérité puisque, même après un tel coup de pouce, ce minimum social, versé aux personnes âgées de 65 ans et plus, les plus démunies demeureraient au-dessous du seuil de pauvreté. Pourtant, et comme souvent, ainsi que l’expérience d’un an et demi de sarkozysme l’a amplement montré, le gouvernement, à l’heure de passer aux actes, a encore rabaissé la - modeste - portée de son engagement. C’est ainsi que, selon le PLFSS, la hausse de 25 % sera limitée aux seules personnes isolées. « L’effort consenti concerne effectivement les personnes seules, considérées comme les plus fragiles. C’est envers elles que nous avions pris les engagements les plus forts pendant la campagne », a tenté de justifier le ministre du Travail, Xavier Bertrand, lors de la discussion de l’article, dans la même nuit de vendredi à samedi dernier.

un talent d’illusionniste

Selon les derniers chiffres officiels, quelque 600 000 personnes bénéficiaient du minimum vieillesse en 2006. 70 % d’entre elles vivaient seules, les autres en couple, mariés, pacsés ou concubins. Si l’article 51 devait être finalement adopté dans sa version actuelle, plus de 100 000 personnes ne verraient pas la couleur de la promesse de Nicolas Sarkozy. Une injustice flagrante, doublée d’une étonnante première car, comme l’a noté dans le débat la députée Verts Martine Billard, « si c’était le cas, nous verrions, pour la première fois dans notre pays, une politique favoriser les personnes seules au détriment des couples ». Son collègue Patrick Roy (PS) relevait, lui, le talent d’« illusionniste » de la majorité, consistant à donner « l’impression d’accomplir de vraies avancées sociales alors qu’en fait, quand on y regarde de près, on s’aperçoit qu’il n’y a que de timides progrès sur de petits sujets ». L’affaire est si peu défendable que le député UMP Denis Jacquat, rapporteur de la commission des Affaires sociales, a lui-même pris ses distances avec cette disposition, en rejetant l’argument, sous-jacent, du problème de financement que poserait l’extension de la hausse de 25 % à tous les bénéficiaires du minimum vieillesse : « Si l’on commence à raisonner en termes de surcoût, ce n’est même pas la peine de chercher une solution. Je refuse qu’on raisonne en coût », déclarait-il, hier, dans le Parisien.

même la pension de reversion

Une autre illustration de l’hypocrisie gouvernementale en matière sociale a été apportée durant le même débat sur le budget de la Sécu. Le projet prévoit l’augmentation de la pension de réversion de 54 % à 60 %, comme promis, là aussi, par Nicolas Sarkozy en 2007. Mais dans les faits, « elle est hélas conditionnée par un niveau de ressources tellement bas que très peu de veuves et de veufs y auront droit », a dénoncé le député PCF Roland Muzeau.

Ces mauvais coups sont à l’image du PLFSS tout entier, largement déterminé par le refus de garantir à la Sécu le financement nécessaire pour qu’elle puisse répondre aux besoins des assurés. Un PLFSS qui restera ainsi, avant tout, marqué, en matière de retraite, par l’allongement à quarante et un ans de la durée de cotisation qui, en l’état du marché du travail, se soldera par un nouvel ajustement, à la baisse, du niveau des pensions. Adopté mardi en première lecture par l’Assemblée, le projet doit maintenant être examiné par le Sénat.

Yves Housson, dans l’Huma du 6 novembre 2008

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