Il en a, des soutiens, Aboubacar Dramé. Quand ce n’est pas la sénatrice PCF Michelle Demessine qui écrit au préfet, ce sont les militants communistes, le collectif sans-papiers et les cégétistes qui débarquent au tribunal administratif pour scander son nom. Ils étaient une cinquantaine, hier à Lille, à espérer une issue favorable pour leur camarade. Mais le juge en a décidé autrement : le Guinéen sans papiers est ressorti de la rue Jacquemars-Giélée pour rejoindre directement le centre de rétention (CRT) de Lesquin.
« Beaucoup de sans-papiersont la trouille au ventre » Il a été arrêté dimanche dernier alors qu’il sortait de chez lui, dans le quartier lillois de Moulins, pour se rendre au marché de Wazemmes. « Beaucoup de sans-papiers ont la trouille au ventre et restent cloîtrés chez eux. Mais Aboubacar a ce courage de sortir pour militer. Ce jour-là , on faisait une distribution de tracts pour annoncer la manifestation contre l’austérité de samedi, se souvient Joseph Demeulemeester, secrétaire de section au PCF Lille. Il a été appréhendé rue Delespaul par des policiers en civil qui l’ont entouré avant même de lui demander ses papiers. » Placé au CRT en attendant son expulsion, Aboubacar a saisi le tribunal administratif d’un recours en annulation de son OQTF (obligation de quitter le territoire français). Pour ses défenseurs, il a « toute sa place » en France : il est intégré socialement, il a un logement et dispose d’une promesse d’embauche dans le bâtiment. La préfecture n’a pas le même regard : Aboubacar s’est déjà vu refuser deux fois, depuis son arrivée en France en 2008, sa demande d’asile, et il n’est pas dépourvu d’attaches familiales en Guinée puisque sa femme y réside. À l’audience hier, il a pris la parole, juste le temps d’expliquer qu’il s’était « éloigné de (son) pays pour sauver (sa) vie » (il militait dans un parti politique d’opposition, ndlr). Il passera aujourd’hui ou demain devant le juge des libertés et de la détention. Un dernier espoir ?w M.GO.