Conseil municipal du 18 mars 2013
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Réforme des rythmes scolaires

Après avoir dénoncé le caractère anti-démocratique de la réforme, étant donné que le décret est paru avant le vote de la loi et qu’il est demandé aux maires, en tant que représentants de l’Etat, de mettre en oeuvre de nouvelles pratiques qui engagent les deniers de leurs communes, Sylviane DELACROIX se félicite des démarches de concertation avec nos partenaires (enseignants, parents, experts, centres sociaux et associations) initiée par la Ville et les élus du Groupe Communiste - Front de Gauche, conformément à leur attente, pour désamorcer une situation complexe. L’adjointe communiste dénonce ensuite la casse de l’école menée par la droite pendant une décennie obligeant la Ville à réajuster fortement son projet éducation local en faveur de la réussite scolaire de tous. Le choix du report en 2014 est partagé par Sylviane DELACROIX dans la mesure où il permet une mise en place plus aboutie de la réforme et une réelle concertation de tous les acteurs. Cependant, dans notre ville où il existe de grandes disparités sociales, il est regrettable que le débat sur le rythme scolaire se soit substitué à la question du rythme des enfants et, surtout, de ceux qui n’ont que l’école pour apprendre et qui sont aux coeur des enjeux. D’ailleurs, éviter de multiplier les apprentissages dans une même journée est une préconisation forte. C’est pourquoi, la proposition de demi-journées devrait contribuer à un meilleur apprentissage si le décret le permette. Par ailleurs, il faut trouver des règles d’utilisation partagés par tous des espaces, locaux et matériels et solutionner les questions liées à la gratuité et à la particpation des activités, aux transports et à l’accueil. Enfin, la démarche d’inclusion de l’Adjointe à l’Accessibilité doit se poursuivre en faveur des enfants en situation de handicap. Sur tous ces sujets, même si l’Etat décide et c’est nous, les communes, qui Peillon, les élus du Groupe Communiste - Front de Gauche apportent leur contribution.


Le débat que nous avons, aujourd’hui, a failli couper court, compte tenu que nous discutons d’un décret avant même la parution de la loi. Cette procédure, pour le moins originale, n’a pas favorisé la sérénité nécessaire pour aborder cette question qui est un enjeu essentiel pour l’avenir de nos enfants. La loi n’est d’ailleurs pas encore votée, de nombreux amendements déposés, risquent de la modifier mais notre échange n’en est, cependant pas moins pertinent.

En organisant une série de trois réunions, à l’échelle de la commune, avec les représentants de la communauté éducative et de la vie associative, vous avez contribué à désamorcer cette situation complexe et nous vous en remercions. Cette démarche a été positive et répondait, de toute évidence, à une attente.

Notre groupe avait, de son côté, initié une série d’auditions pour entendre la voix des parents et des enseignants : nous remercions publiquement les différents acteurs qui ont répondu favorablement à notre invitation.

Nous avons aussi écouté avec beaucoup d’attention les experts, Claire LECOMTE et Séverine CASALIS, qui ont été conviés à s’exprimer.

Nous avons tous en tête, mais il est bon de le rappeler, le caractère catastrophique de la politique menée par la droite en matière d’éducation et ses conséquences dans nos écoles : suppressions massives de postes, déscolarisation des 2-3 ans, disparition de la formation des maîtres, explosion des RASED, aggravation de la sélection sociale, accélération démente des temps d’apprentissage sont autant de choix qui ont, dans notre ville, comme partout en France, créé les conditions de rapports alarmants de l’Inspection Général de l’Éducation Nationale et de l’OCDE pour ne citer qu’eux.

Ces orientations ont nécessité un réajustement fort de notre projet éducatif local pour qu’il puisse, dans des conditions contraires, garder toute sa pertinence voire s’améliorer.

Il eût été, donc, regrettable que sur un sujet aussi consensuel que la nécessaire refondation de l’école et des rythmes scolaires, nous en restions à un quiproquo qui hypothéquât le fond.

La Ville de Lille a beaucoup investi sur ce sujet dont le cœur est la réussite scolaire et la valorisation des potentiels des petits Lillois.

La nécessaire réforme des rythmes scolaires devenus intenables depuis le passage à la semaine de quatre jours a le mérite d’être aujourd’hui posée.

Et vous devez, Madame le Maire, et vous l’avez fait, vous exprimer sur une adoption en septembre 2013 ou un report en 2014 de la semaine à quatre jours et demi.

Vous avez opté pour le report de sorte que nous puissions travailler, immédiatement, à une mise en œuvre qui préserve au mieux les intérêts des enfants et permette une réelle concertation des acteurs. Nous partageons, sans réserve, cette orientation.

Si comme le dit Jean-Jacques HAZAN, Président de la FCPE, « arrêter le pire, c’est déjà bien », de nombreuses questions méritent d’être posées. Car le débat sur le rythme scolaire s’est substitué à la question du rythme de l’enfant et, en particulier, de l’enfant qui n’a que l’école pour apprendre.

Dans notre ville où il existe de grandes disparités sociales, c’est bien celui-ci qui est au cœur des enjeux : celui qui n’a que l’école pour apprendre.

Les experts ont insisté sur le fait que seul le rythme hebdomadaire était aujourd’hui en débat et que nous restions quelque part au milieu du guet. La réforme ne récupère pas le temps supprimé pour l’apprentissage scolaire, elle répartit autrement les 24 heures des professeurs. Les autres heures doivent, donc, nécessairement donner lieu à coordination et mise en cohérence pour que l’alternance apprentissage, motricité et créativité puisse se développer de manière cohérente.

La première question est donc celle des outils à mettre en œuvre pour que cette articulation soit rendue possible pour nos 12 000 élèves dans nos 84 écoles.

Le temps d’apprentissage n’est pas non plus le même pour chaque enfant et c’est l’enfant le plus en difficulté qui doit faire le plus d’effort pour apprendre. Eviter de multiplier les apprentissages dans une même journée est une préconisation forte.

Comment, à partir de cette donnée, pouvons-nous contribuer à prendre en compte ce paramètre sans priver ces enfants de certaines activités extra scolaires, au même titre que les autres enfants, si elles intègrent des savoirs cognitifs ?

Cette problématique jusqu’alors, hors de notre champ de compétence, devrait y être intégrée. Parmi les questions posées, celle de la nécessaire segmentation entre le temps d’enseignement et le reste du temps éducatif n’est pas neutre : il est important que nos enfants bénéficient de points de repère fiables. La proposition de demi-journées devrait contribuer à une meilleure appréhension de cette distinction et nous y souscrivons et souhaitons que le décret le permette.

L’utilisation des espaces, des locaux et du matériel se doit d’être aussi abordée : l’enseignant n’est pas rivé à sa classe et celle-ci ne lui appartient pas en propre mais nombreux sont ceux qui y passent du temps, en dehors de leurs heures de cours, pour la préparation du matériel et des séquences d’enseignement à venir : il nous faudra trouver des modus vivendi qui soient partagés pour dépasser les contradictions qui pourraient se faire jour.

Les horaires d’accueil, le transport, la gratuité des activités – même si vous avez eu des propos rassurants à ce sujet - n’étant pas inscrits dans le décret - ne peuvent, en l’état, faire l’objet d’un engagement ad vitam.

La participation aux activités qui ne relèvent pas de l’obligation scolaire, restant facultatives, il faudra en garantir, avec tous nos partenaires, la fréquentation pour éviter d’accroître ces inégalités qui ne se forgent pas à l’école mais existent en amont. Sur ces questions, nous pouvons apporter notre contribution.

Enfin et vous me permettrez ce focus, il nous faudra mener une réflexion particulière, dans le cadre notre démarche d’inclusion, sur les enfants en situation de handicap et sur les contraintes particulières liées à leurs déplacements, à leur temps de scolarisation et à l’encadrement qui leur est nécessaire pour qu’ils puissent, au même titre que les autres enfants, bénéficier au mieux des dispositifs qui seront mis en place.

Voilà la contribution que notre groupe voulait apporter à la réflexion particulière sur la question des rythmes sur laquelle il restera immédiatement mobilisé, au-delà de ce débat, comme vous en avez exprimé le souhait.

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