Ramon Diaz, le directeur délégué à la sécurité du CHRU, a beau essayer d’adoucir les angles en qualifiant ces tarifs de « raisonnables » (1), il s’agit en fait d’une ponction, même pas déguisée, dans le porte-monnaie des familles des malades. Pour les patients eux-mêmes, sauf ceux des urgences (dans la limite de vingt-quatre heures) et ceux qui sont en consultation (dans la limite de douze heures), il faudra bourse délier ! Encore faut-il préciser qu’il n’y aurait probablement pas eu d’exemption sans les actions syndicales engagées avec les citoyens. Pensons aussi à la somme considérable que devront lâcher dorénavant les familles de certains malades en soins intensifs, obligées d’être présentes chaque jour à l’hôpital. Idem pour les parents d’un enfant suivi en service néonatalité, qui doivent rester auprès de lui dans le cadre de son traitement pendant une certaine période : à la caisse, messieurs-dames !
Selon la CGT, information toute fraîche, voire glaciale, même les agents contractuels qui travailleront cet été au CHRU devront payer leur accès aux parkings des visiteurs.
L’alibi était tout trouvé pour les promoteurs de cette chère nouveauté : le stationnement sauvage. Il paraît que la direction entend combattre la saturation des parkings causée par des automobilistes qui n’ont rien à voir avec la fréquentation des hôpitaux. La direction souligne aussi que neuf cents places demeurent gratuites, sur des parkings ouverts ou le long des voies de circulation.
A l’auto, le Lillois ne gagne jamais
L’accent est mis également sur les trois mille huit cents places accessibles par les personnels. Avec un badge. Le genre d’objet qui finit par vous faire sentir qu’on vous octroie un privilège... Une étude, selon M. Diaz, a été commandée sur les « problèmes de congestion », selon laquelle la création de places de parking attirerait « encore plus » de véhicules indésirables. La CGT préfère constater, quant à elle, que « la politique de santé menée aujourd’hui étrangle financièrement les hôpitaux publics, qui sont dans l’obligation de rechercher des recettes subsidiaires ». Elle dénonce un « racket sur le dos de la santé des usagers », s’inscrit dans l’opposition à « un système économique et politique qui place la finance avant l’être humain ». Le syndicat a recueilli dix-sept mille signatures auprès de la population et des malades contre les parkings payants. Des centaines de lettres ont été adressées aux élus locaux pour qu’ils défendent la gratuité du stationnement, le maintien de la gratuité des chambres particulières, mais aussi pour qu’ils s’opposent aux suppressions de postes. A Lille, on circule si mal en voiture et on se gare si difficilement, que l’automobiliste est toujours pris dans des feux contradictoires. Pas de place en ville, prenez votre métro et laissez votre auto près d’une station de métro. Mais, surtout, n’allez pas la mettre là où il y a des parkings gratuits puisque maintenant ils ne le sont plus. Pari : les différences de traitement – entre ceux qui paient et ceux qui ne paient pas – ne manqueront pas de générer, au minimum, de l’incompréhension. Cela a déjà commencé. Dès mercredi. Kafkaïen, tout ça ! Et surtout écœurant. Albert LAMMERTYN, dans Liberté Hebdo du 2 juillet 2009