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Intervention de Michelle DEMESSINE sur les victimes de l’amiante

Lors du Conseil municipal du lundi 2 avril dernier, Michelle DEMESSINE s’est rejouie que soit adoptée une motion en faveur des victimes de l’amiante qui ne comprennent pas pourquoi le Gouvernement leur fait subir une double peine si injuste. Cette motion demande à ce que les poursuites judiciaires à l’encontre des victimes stoppent et qu’une remise gracieuse leur soit accordée. Après s’être félicitée d’être à l’origine de la mobilisation des 300 parlementaires, la sénatrice du Nord a insisté pour que se tienne un réel procès pénal, comme en Italie, pour que les responsabilités de cette catastrophe humaine soient clairement établies.


« Madame le Maire,

Je me réjouis que notre ville s’associe aux soutiens des victimes de l’amiante qui sont très nombreuses dans notre région. Comme vous le savez, nous payons plus cher le fait d’avoir été une grande région industrielle avec une très grande utilisation de ce poison. C’est la raison pour laquelle un certain nombre de parlementaires de notre région sont particulièrement mobilisés auprès des victimes. C’est ce que je fais depuis de très nombreuses années parce que je pense qu’ils en ont bien besoin et que nous sommes une région qui a payé un très lourd tribut, donc, je pense qu’on a un grand rôle à jouer au niveau national pour faire reconnaître le préjudice de cette catastrophe sanitaire. J’ai moi-même participé aux travaux du Sénat et j’occupe beaucoup de mon temps pour être à leurs côtés. C’est vrai que d’être une grande région sidérurgique, métallurgique, avec des ports et des chantiers navals, qui ont utilisé plein d’amiante, on a ici, dans notre région des centaines de victimes.

Il a fallu attendre 1996 pour qu’elle soit interdite en France et qu’en même temps, un dispositif de réparation soit mis en place. Le cancer de l’amiante fait disparaître 10 personnes par jour. Je pense qu’on ne le rappelle pas assez, c’est un chiffre qui est quand même énorme au regard d’autres cancers. 100 000 décès sont attendus pour les 25 ans à venir car la maladie se déclare 20 ans après, c’est pourquoi on vit les choses très fortement maintenant. Il y a ceux qui disparaissent mais il y a aussi des centaines d’ouvriers, qui ont été exposés, qui vivent avec une épée de Damoclès sur la tête car ils ont toujours peur que la maladie se déclare. Et ils le voient, ils l’ont vu auprès de leurs collègues, c’est une maladie terrible qui apporte énormément de souffrance. Vous savez, l’agonie des malades de l’amiante, c’est quand même quelque chose de terrible ! C’est la raison pour laquelle c’est très fort tout ce qu’ils vivent. Et les injustices à leur égard sont encore plus douloureuses à cause de ça. Aujourd’hui, on voudrait leur faire rendre par voie de justice et avec la menace d’huissiers, un soit disant trop perçu d’une indemnisation qui pourtant reste très modeste au regard du préjudice qu’ils ont subi. Il y a plus de 600 dossiers en cours, 300 concernent notre région. Et ils se succèdent par petit paquet de 20, 30, 40 victimes presque tout les quinze jours en ce moment devant la Cour d’appel de Douai. La plupart vivent cela comme une double peine et ne comprennent pas, alors qu’ils ont besoin d’un soutien important de la société vis-à -vis de leur souffrance et de leur préjudice. Et ils ne comprennent pas ce manque de reconnaissance, cette légèreté administrative.

Il y a un grand mouvement de soutien dans notre pays et dans notre région. Il est indispensable car on en a vraiment besoin. Un certain nombre de motions sont présentées dans plusieurs Conseils municipaux et il y a ce mouvement des parlementaires, plus de 300 d’entre eux se sont prononcés, quelque soit leur opinion politique, pour réclamer une remise gracieuse et, surtout, l’arrêt des poursuites que le FIVA (Fonds d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante) continue de présenter devant les tribunaux. Donc, voilà , je m’associe vraiment avec plaisir à cette motion.

Je voudrais aussi porter également devant vous une autre exigence que les victimes réclament, c’est le procès pénal. Un procès pénal, c’est quand même indispensable pour établir réellement les responsabilités et faire en sorte que plus jamais une telle situation ne revienne. C’est ce que les victimes appellent : « plus jamais ça ! » Vient de se tenir un procès pénal à Turin qui démontre que c’est possible même si c’est compliqué de faire fonctionner la justice pénale. En France, depuis 1996, date des dépôts des plaintes, ce procès n’est toujours pas instruit. Et pire, ce qui fait totalement perdre l’espoir et la patience des victimes, on vient de retirer au juge BERTELLA-GEFFROY, qui était en charge, au pôle santé, de ce dossier depuis plus de 7 ans. Et bien oui, on vient de lui retirer le dossier, ce qui n’augure pas vraiment d’une vraie volonté d’un procès pénal. Or, je crois qu’il est important, au-delà du soutien et de la situation urgente qu’il leur est posée, qu’on soit attentif et qu’on exige aussi que se tienne dans notre pays un vrai procès pénal pour établir les responsabilités dans cette catastrophe humaine et sanitaire. »

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