Emmené par le député maire de Saint-Amand-les-Eaux, Alain Bocquet (PCF), dans la foulée des élections européennes qui ont permis la réélection de Jacky Hénin (PCF), le Front de gauche s’est élargi bien au-delà du Parti communiste, du Parti de gauche et de la Gauche unitaire. Parmi les candidats, on ne compte plus le nombre de syndicalistes, de militants associatifs. Les Alternatifs sont là . La Coordination communiste, la Gauche alternative, des anciens socialistes, des ex-NPA, des vice-présidents sortants du conseil régional, en la personne de Michel Autès... Les candidats d’« une gauche combative, sociale, écologiste et citoyenne » qui font de leur diversité un atout. « Nous avons su nous unir, c’est au tour des électeurs de se rassembler, dans les urnes le 14 mars », exhortait Marc Dolez, député, cofondateur du Parti de gauche, dans une réunion publique, la semaine dernière.
Les réunions publiques  : une des clés de ce que l’on appelle volontiers ici « la méthode Bocquet ». Plus de cent cinquante au planning. Vingt personnes par-ci, deux cents par-là . De quoi débattre à la porte des entreprises ou sur les piquets de grève. Aux côtés des salariés de Total Mardyck ou, cet hiver, avec les 190 « Pimkie » licenciés malgré les profits de la famille Mulliez, première fortune professionnelle de France. C’est là que s’est faite la rencontre avec Valérie Pringuez, syndicaliste. C’est en candidate du Front de gauche qu’elle écume désormais les magasins des zones commerciales, s’adressant directement aux caissières, aux vendeuses. « Un tract spécifique est adressé aux salariés du commerce. Il aborde la question de la précarité des emplois, des salaires, des obligations non respectées de formation, mais il s’élève aussi contre le travail du dimanche », explique-t-elle.
Constitution d’un comité de soutien qui rassemble plusieurs centaines de noms « dont celui du chanteur Loïc Lantoine », se réjouit-on à Wazemmes, site Internet actualisé en permanence (10 000 connexions comptabilisées) et les « crieurs du Front de gauche » qui vont s’inviter dans les rames du métro toute cette semaine. Éric Corbeaux, secrétaire de la fédération du Nord du PCF, réagit à un sondage paru dans la Voix du Nord (voir ci-contre)  : « La droite sera battue. Il reste à convaincre, notamment auprès des salariés démobilisés parce que victimes des effets de la crise, qu’il existe une volonté et des moyens de mener une vraie politique de gauche dans cette région. » Et quand il est question de « bonne gauche » ou de « vraie politique de gauche », il s’agit bien de dénoncer « le renoncement et la passivité » de l’exécutif sortant PS-Verts, pour reprendre les mots de Marc Dolez, et de positionner les candidats du Front de gauche comme « les artisans d’une majorité nouvelle » pour « résister aux logiques libérales, affronter l’État chaque fois que nécessaire, en particulier sur son désengagement, et mettre en œuvre des politiques de progrès et de solidarité ». Alain Bocquet a d’ores et déjà « porté plainte contre l’État », saisissant la Halde pour « discriminations territoriales pénalisant la région Nord-Pas-de-Calais » au vu des chiffres du chômage (12,5 % contre 8,9 % pour l’ensemble des régions en 2009) et de l’espérance de vie (77,7 ans, contre 80,4 années en moyenne pour l’ensemble des régions). L’indicateur de développement durable régional (IDDR), qui comprend trois dimensions, économique, sociale, environnementale, place lui aussi le Nord-Pas-de-Calais en dernière position.
« Nous sommes quatre millions, c’est notre première force », indique Alain Bocquet, dans un message destiné à mobiliser les abstentionnistes pour le grand meeting régional du 6 mars prochain à 15 heures au Zénith de Lille. « Élire des femmes et des hommes mobilisés et combatifs, impliqués au quotidien avec le monde du travail pour que les valeurs humaines prennent le pas sur les valeurs boursières, c’est se donner les moyens d’être écoutés et respectés dans nos droits, par l’État, par l’Europe, par les grands groupes comme Total. » Non, Marine Le Pen (tête de liste de l’extrême droite en Nord-Pas-de-Calais), « ce ne sont pas les émigrés qui licencient », martèle Franck Vandecasteele, chanteur de Marcel et son orchestre, qui court la campagne, comme les autres. Comme Jacky Hénin, qui rappelle que « les banquiers et les actionnaires, eux, iront voter ».
Laurence Mauriaucourt