Sacré coco
Déjà qu’à un an ses parents
Poussaient son landau en gueulant
Pour Vanzetti et pour Sacco
Il a grandi sous une banderole
Entre une affiche et un seau d’ colle
La moindre manif, il y go
Sacré coco
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Soixante-dix piges et des poussières
Qu’il balaie chaque anniversaire
Entre les miettes et les mégots
Comme il dit « J’ suis un dinosaure »
On cherchait pas le même trésor
C’est là qu’on n’est pas ex-æquo
Sacré coco
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Il dit aussi "Juré, craché !
J’ boss’rai pas pour des haricots
Et si ça arrange leurs affaires
Demain pour la classe ouvrière
J’ port’rai des godasses en croco"
Sacré coco
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Il dit même "Pour les non-voyants
Il faudrait écrire les slogans
En braille sur les calicots"
En classe, il a pas été loin
Mais il connaît sur l’ bout des poings
Cézanne, Beethov’ et l’ père Hugo
Sacré coco
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On rentre chez lui sans frapper
Là où c’est écrit « J’aime la paix »
Au trente-six rue des coquelicots
On sirote un alcool de fruits
En rigolant, il dit qu’ chez lui
C’est l’ temps des cerises en bocaux
Sacré coco
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On chante la jeune garde à tue-tête
Quand c’est qu’ des fois sous sa casquette
Souffle un vieux coup de sirocco
Et le lendemain, sa gueule de bois
Sûr c’est la faute à Paribas
C.I.A. monopole and co
Sacré coco
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Pour la castagne, il crie « D’abord ! »
Pour la fiesta, il crie « D’accord ! »
Et pour le cul, il crie « Banco ! »
Il dit encore "Si il fait froid
Lutte à l’envers, lutte à l’endroit
Se battre, c’est se faire son tricot"
Sacré coco
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« Y a pas de sans-culotte au ciel »
Comme il dit "J’suis pas éternel
D’ailleurs, Dieu c’est du rococco
Quand j’ s’rai mort, juste un bouquet rouge
Des chansons et des gens qui bougent
Pour qu’ le vent reprenne en écho"
Sacré coco
L’Hymne à Wazemmes
Le marché se déplie comme un accordéon
On dirait le ciel peint par un peintre flamand
Un temps à décoiffer le père Napoléon
La ville ouvre les yeux et chante son roman
On entend frissonner un accord de musette
L’écho d’un carnaval au quat’ cent vingt et un II passe un vieux vélo et Pierrot
La palette danse sur le plafond une fleur dans le poing
REFRAIN :
Ch’est nous aut’ à Wazemmes
Chez nous aut’ à Wazemmes
Ch’est nous aut’ à Wazemmes
Chez nous aut’ à Wazemmes
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Parfois les soirs de chauffe on risque des châtaignes
Tant mieux, devant la soupe on se réconcilie
Quand on se fâche ici c’est pas vraiment la haine
Le vent porte l’haleine d’une douce folie
A la place Casquette l’Orphéon sous le kiosque
Fait valser dans sa cape le reflet d’Henriette
Le juke box dans un bar mélange les époques
Faites tourner toupies, broquelets, broquelettes
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Par ici les métiers à tisser ça métisse
Ce n’est pas par hasard si on est toujours là
Il flotte dans la rue l’odeur du pain d’épices
Et de brique mouillée et de barbe à papa
Aux terrasses pépient les oiseaux de Wazemmes
Des guirlandes d’ampoules brûlent dans les platanes
Le houblon coule à flots, on a touché l’quinzaine
On va se rhabiller, s’allumer des gitanes
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On chante, on résiste, nos gorges font la loi
Entre Esquermes et Moulins on a squatté la ville
La rue des Sarrazins trinquent avec les Gaulois
On ne sera jamais des naufragés sur Lille
Prenons le train en marche avant qu’il ne s’essouffle
Les regards semblent dire on vous voit on vous aime
Pas question dans nos murs du silence des pantoufles
La nouvelle aventure on la boit on la sème
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Ch’est nous aut’ à Wazemmes
Chez nous aut’ à Wazemmes
Ch’est nous aut’ à Wazemmes
Chez nous aut’ à Wazemmes
Chez nous aut’ à Wazemmes Paroles : Allain Leprest Musique : Omar Yagoubi