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Salut l’artiste
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Allain Leprest. 1954-2011

Une figure de la chanson disparaît. Ici, on aimait bien Allain Leprest.

Une voix dont on ne se lassera pas, et qu’on retrouvera sûrement quelque part à la fête de l’Huma ou dans un café d’Omaha Beach, en gueulant à tue-tête la chanson des canuts.

On n’oublie pas qu’on lui doit aussi les paroles de « l’hymne à Wazemmes » dont on reprendra volontiers les derniers mots « Pas question dans nos murs du silence des pantoufles ».

Salut à l’artiste, au poète, au frère de lutte.



Sacré coco

Déjà qu’à un an ses parents

Poussaient son landau en gueulant

Pour Vanzetti et pour Sacco

Il a grandi sous une banderole

Entre une affiche et un seau d’ colle

La moindre manif, il y go

Sacré coco

.

Soixante-dix piges et des poussières

Qu’il balaie chaque anniversaire

Entre les miettes et les mégots

Comme il dit « J’ suis un dinosaure »

On cherchait pas le même trésor

C’est là qu’on n’est pas ex-æquo

Sacré coco

.

Il dit aussi "Juré, craché !

J’ boss’rai pas pour des haricots

Et si ça arrange leurs affaires

Demain pour la classe ouvrière

J’ port’rai des godasses en croco"

Sacré coco

.

Il dit même "Pour les non-voyants

Il faudrait écrire les slogans

En braille sur les calicots"

En classe, il a pas été loin

Mais il connaît sur l’ bout des poings

Cézanne, Beethov’ et l’ père Hugo

Sacré coco

.

On rentre chez lui sans frapper

Là où c’est écrit « J’aime la paix »

Au trente-six rue des coquelicots

On sirote un alcool de fruits

En rigolant, il dit qu’ chez lui

C’est l’ temps des cerises en bocaux

Sacré coco

.

On chante la jeune garde à tue-tête

Quand c’est qu’ des fois sous sa casquette

Souffle un vieux coup de sirocco

Et le lendemain, sa gueule de bois

Sûr c’est la faute à Paribas

C.I.A. monopole and co

Sacré coco

.

Pour la castagne, il crie « D’abord ! »

Pour la fiesta, il crie « D’accord ! »

Et pour le cul, il crie « Banco ! »

Il dit encore "Si il fait froid

Lutte à l’envers, lutte à l’endroit

Se battre, c’est se faire son tricot"

Sacré coco

.

« Y a pas de sans-culotte au ciel »

Comme il dit "J’suis pas éternel

D’ailleurs, Dieu c’est du rococco

Quand j’ s’rai mort, juste un bouquet rouge

Des chansons et des gens qui bougent

Pour qu’ le vent reprenne en écho"

Sacré coco


L’Hymne à Wazemmes

Le marché se déplie comme un accordéon

On dirait le ciel peint par un peintre flamand

Un temps à décoiffer le père Napoléon

La ville ouvre les yeux et chante son roman

On entend frissonner un accord de musette

L’écho d’un carnaval au quat’ cent vingt et un II passe un vieux vélo et Pierrot

La palette danse sur le plafond une fleur dans le poing

REFRAIN :

Ch’est nous aut’ à Wazemmes

Chez nous aut’ à Wazemmes

Ch’est nous aut’ à Wazemmes

Chez nous aut’ à Wazemmes

.

Parfois les soirs de chauffe on risque des châtaignes

Tant mieux, devant la soupe on se réconcilie

Quand on se fâche ici c’est pas vraiment la haine

Le vent porte l’haleine d’une douce folie

A la place Casquette l’Orphéon sous le kiosque

Fait valser dans sa cape le reflet d’Henriette

Le juke box dans un bar mélange les époques

Faites tourner toupies, broquelets, broquelettes

.

Par ici les métiers à tisser ça métisse

Ce n’est pas par hasard si on est toujours là 

Il flotte dans la rue l’odeur du pain d’épices

Et de brique mouillée et de barbe à papa

Aux terrasses pépient les oiseaux de Wazemmes

Des guirlandes d’ampoules brûlent dans les platanes

Le houblon coule à flots, on a touché l’quinzaine

On va se rhabiller, s’allumer des gitanes

.

On chante, on résiste, nos gorges font la loi

Entre Esquermes et Moulins on a squatté la ville

La rue des Sarrazins trinquent avec les Gaulois

On ne sera jamais des naufragés sur Lille

Prenons le train en marche avant qu’il ne s’essouffle

Les regards semblent dire on vous voit on vous aime

Pas question dans nos murs du silence des pantoufles

La nouvelle aventure on la boit on la sème

.

Ch’est nous aut’ à Wazemmes

Chez nous aut’ à Wazemmes

Ch’est nous aut’ à Wazemmes

Chez nous aut’ à Wazemmes

Chez nous aut’ à Wazemmes Paroles : Allain Leprest Musique : Omar Yagoubi

Allain Leprest - Nu

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