1936-2011
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L’épopée des Brigades internationales

A l’occasion des 75 ans du début du coup d’état contre la république espagnole, nous reproduisons cette tribune de l’Humanité du 21 octobre 2011 en hommage aux combattants des brigades internationales.

Espagne, 1936. Le coup d’État des généraux franquistes veut en finir avec la jeune République progressiste espagnole. Près de 35 000 volontaires internationaux, dont 9 000 Français, accourent pour la défendre. Altruistes et conscients de l’épouvante fasciste qui menace alors l’Europe et le monde.

« Quand les années passeront et les blessures de la guerre commenceront à cicatriser  ; quand le souvenir des jours douloureux et sanglants s’estompera en un présent de liberté, de paix et de bien-être. (...) Parlez à vos enfants, parlez-leur de ces hommes des Brigades internationales. »


Nous sommes à l’autonome 1938. Dolores Ibarruri, Pasionaria, prononce un discours d’adieu déchirant aux volontaires internationaux qui, deux ans plus tôt, poursuit la députée communiste, « â€¯traversant mers et montagnes, franchissant des frontières hérissées de baïonnettes, épiés par des chiens enragés, avides de déchirer leurs chairs de leurs crocs, sont arrivés  » en Espagne, « â€¯pour combattre et mourir pour la liberté et l’indépendance  » de ce pays « â€¯menacé par le fascisme allemand et italien  ». Soixante-quinze ans après, leurs enfants, petits-enfants et amis commémorent l’anniversaire de leur création en se rendant sur les principaux lieux où ils se sont illustrés (voir encadré). « â€¯C’est toujours l’occasion de rencontrer des associations sœurs qui portent également la mémoire de ces hommes et ces femmes afin de montrer à quel point ils ont été lucides avant d’autres  », déclare Claire Rol-Tanguy, secrétaire générale de l’Association des amis des combattants en Espagne républicaine (Acer). Le travail mémoriel se veut actuel car, précise la responsable, « â€¯la lucidité reste un enjeu contre la passivité ambiante  » et pour la compréhension du monde.

« â€¯Le ciel est serein au-dessus de l’Espagne. Pas de changements.  » L’annonce radiophonique prononcée ce 17 juillet 1936 donne le signal à des généraux félons pour se soulever. L’objectif de ces gradés factieux, Sanjurjo, Franco, Queipo de Llano, Emilio Mola en tête, est de renverser la République établie en 1931, et surtout l’expérience du Front populaire, issu majoritairement des urnes, le 16 février 1936. Le coup d’État militaire veut anéantir la coalition gouvernementale regroupant des socialistes, des communistes, des radicaux et soutenue par les anarchistes. Car le programme qu’elle porte risque de bouleverser le pays  : réformes agraires et de l’armée, laïcisation de l’éducation et de la société, reconnaissances régionales... Cette alternative sociale de progrès heurte la bourgeoisie réactionnaire et ses alliés qui n’ont pas digérer les élections. Les antagonismes sociaux, politiques et économiques à l’œuvre ne sont pas étrangers à ceux qui s’affrontent à l’échelle internationale. Le 15 août 1936, le gouvernement français du Front populaire, dirigé par le socialiste Léon Blum, fait le choix de la « â€¯non-intervention  », tout comme le gouvernement conservateur de l’Angleterre qui entend défendre là ses intérêts économiques dans le secteur minier espagnol. Hitler et Mussolini arment les félons et expédient quelque 75 000 hommes pour mater la République. En 1937, les pilotes de la légion Condor pilonnent la ville de Guernica que le peintre Picasso immortalisera.

À Paris, le 2 septembre 1936, le vélodrome d’Hiver vibre sous le verbe de Pasionaria qui demande « â€¯des canons et des armes pour l’Espagne  », trahie par la lâcheté des démocraties occidentales. La solidarité s’organise. Mais nombreux sont ceux qui souhaitent se rendre sur place pour aider la République. Des visionnaires, conscients que défendre l’Espagne, c’est défendre le monde de l’épouvante nazie et fasciste. Ainsi naissent les Brigades internationales (BI), « â€¯ceux qui se levèrent avant le jour  », selon l’expression du colonel Rol-Tanguy, brigadiste, chef de la Résistance et libérateur de Paris. Le 8, rue Mathurin-Moreau devient la plaque tournante de ces altruistes sans frontières. Ainsi, 32 000 à 35 000 volontaires s’engagent aux côtés des militaires restés fidèles à la République. Les Français constituent le plus fort contingent au sein de la 14e brigade, dite la Marseillaise. Ils se battront sans compter (un sur quatre mourra sur le front) aux côtés d’autres volontaires de la paix italiens, belges, allemands, hollandais, yougoslaves, hongrois, polonais, états-uniens, cubains, autrichiens... On a eu tôt fait d’imputer leur constitution, après de premiers élans individuels, et surtout leur action, au Komintern. Tout comme leur participation aux conflits et règlements de comptes internes au camp républicain. Des allégations rectifiées, voire démenties pour certaines, par des travaux historiques. Les brigadistes étaient volontaires. Après leur dissolution, certains rentreront chez eux. D’autres, interdits de territoire, seront internés dans les camps du sud de la France, voire même déportés vers les camps d’extermination. Ils seront surtout nombreux à jouer un rôle actif et de premier plan dans la Résistance. Des années plus tard, en Tchécoslovaquie, en URSS, des volontaires souffriront dans leur chair des procès staliniens... aux États-Unis, du maccarthysme.

Communistes ou non, anarchistes, syndicalistes, pacifistes, ces hommes et ces femmes étaient « â€¯portés par leur foi, leur engagement, et des idéaux très élevés  », précise Claire Rol-Tanguy. « â€¯Ils ont été précieux pour l’armée républicaine, poursuit-elle, en jouant un rôle important dans la bataille de Madrid et ou encore de l’Ebre où leur opération de diversion a permis au gros de l’armée de franchir ce fleuve. Ils sont restés jusqu’au bout au prix de grands sacrifices humains.  » Leur départ d’Espagne, dans un vain espoir que les franquistes se délestent de leurs troupes de chocs fascistes, se fait la mort dans l’âme. À ce moment-là , ces désintéressés, qui ne sont plus qu’une vingtaine aujourd’hui, ont-ils seulement conscience qu’ils viennent d’écrire l’un des plus beaux chapitres de la solidarité internationale  ?

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