dans l’Huma du 26 mai 2009
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« Notre différence, c’est l’union ! »

La liste officielle du Front de gauche, conduite par le député européen sortant Jacky Hénin, n’en finit pas de porter son « non » contre l’Europe libérale.

Lille (Nord), correspondance particulière.


Lundi, à Lille, la liste du Front de Gauche conduite par Jacky Hénin était présentée à la presse. À deux semaines du scrutin, et après huit mois déjà passés sur les routes de la circonscription Nord-Ouest, le député européen sortant a d’abord tenu à rappeler sa détermination à demeurer « la voix de ceux qui ne vivent ni des stock-options, ni des parachutes dorés ». Opposé hier à la directive portuaire, à la directive Bolkestein, à celle portant la durée du travail hebdomadaire à 65 heures, le voici prêt demain à monter à la tribune du Parlement européen pour défendre l’idée d’un SMIC européen porté à 1 600 euros brut pour lutter efficacement contre la concurrence entre les salariés, à défendre les services publics comme garants de la justice sociale. Le voici prêt, insiste Michelle Demessine (sénatrice du Nord PCF et candidate de la liste), à s’élever « contre le déni de démocratie que constitue la ratification par la France du traité de Lisbonne » après que le « non » l’a emporté à 55 %. C’est une liste « conforme à ce qu’est le mouvement social actuel », qui, selon Jacky Hénin, se présentera devant les électeurs le 7 juin avec l’engagement d’être « utile dans la bataille contre le tout-capital, utile au quotidien des salariés ». Une liste où le Parti de gauche cofondé par Marc Dolez, député du Nord, a trouvé de quoi réaffirmer les valeurs fondatrices du « socialisme », où les militants de la Gauche unitaire, issue de l’ex-LCR, ont trouvé la réponse au besoin d’unité dans l’action, « attendant en vain qu’elle vienne du NPA », comme le souligne Michèle Ernis, elle aussi candidate du Front de gauche en deuxième position, après quelque quarante années à la LCR.

La liste est composée de nombreuses personnalités issues du monde du travail : automobile, hôpital, éducation, poste... « Il y a un an, je n’aurais pas parié que nous aurions ainsi tous étaient capables de travailler ensemble », se souvient Michèle Ernis, aujourd’hui enthousiasmée par ce sentiment « de ne pas donner de l’espoir à vide ». Les listes NPA semblent ici perçues comme des « aventures individuelles » destinées avant tout « à se compter ».

Laurence Sauvage, trente-neuf ans, trois enfants, au chômage suite à une délocalisation de son entreprise, s’est d’abord engagée syndicalement. Elle arbore un badge arc-en-ciel Paix, renvoyant l’image de ses drapeaux interdits à Strasbourg lors du sommet de l’OTAN. Aujourd’hui adhérente au Parti de gauche, candidate en 4e position, elle décrit son sentiment de revivre « l’union comme en 2005 ». C’était le sens de son engagement. Et de son expérience de campagne de terrain, sur les marchés, dans les réunions publiques, elle affirme que, « oui, elle y croit », que « oui, cela commence à devenir un Front populaire ».

Alain Bocquet, député PCF du Nord, 3e de liste, abonde dans ce sens : « C’est maintenant que les choses vont se décider, c’est le 7 juin que les Français vont voter. » Certes, les sondages indiquent que 60 % des voix semblent aller aux partisans du traité de Lisbonne, « copie conforme du traité de constitution européen ». Et chacun ici de déplorer que le débat soit étouffé par les médias nationaux et les partis donnés en tête : « Raison de plus pour que l’on démente les sondages ! commente l’élu communiste, l’Europe s’est construite sans les peuples, elle ne pourra pas changer sans eux ! » Et Alain Bocquet d’adresser un message aux abstentionnistes : « L’abstention sert ceux qui veulent et qui ont intérêt que tout continue comme avant ! »

Marc Dolez, député du Nord, cofondateur du Parti de gauche avec Jean-Luc Mélenchon, soutien actif de la liste, souligne que « personne ne veut assumer le bilan de l’Europe libérale ». Et pour cause, c’est « un fiasco ! ». De Nicolas Sarkozy au Parti socialiste de Martine Aubry en passant par les Verts et le Modem, « remarquez que tout le monde parle de changer l’Europe ! ». Mais « c’est impossible avec le traité de Lisbonne ! » martèle Marc Dolez, qui face à la crise, ne voit pas de « tâche plus urgente que de rassembler toutes les forces antilibérales » et « tous les électeurs qui se reconnaissent dans les valeurs de la gauche » : « Nous leur offrons l’union et une ligne claire de politique de rupture avec les politiques libérales en Europe. »

Quand Martine Aubry dit qu’il n’est pas utile de voter pour des listes qui ne feraient pas 10 %, Jacky Hénin tient à lui rappeler qu’il a été élu en 2004 avec 6,80 % des voix et Hélène Flautre des Verts avec 6,83 %. Et c’est d’une seule voix que la liste du Front de gauche lui retourne la question : « À quoi ça sert de voter pour des listes qui sont d’accord avec le traité de Lisbonne ? »

Ici, dans le Nord-Pas de Calais, un grand meeting régional est prévu le 29 mai à Lens (19 heures salle Houdart). Date anniversaire du « non » au TCE.

Laurence Mauriaucourt

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